Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir

Catégories : Libertins
il y a 2 ans

Voici un extrait des Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, rédigé en 1749 par l'Anglais John Cleland et traduit en français par Fougeret de Montbron. Dans ce passage, Fanny, qui se destine à devenir fille de joie, craint que les verges de ses futurs clients ne soient trop grosses pour elles. Pour la rassurer, Phoebé l'invite à épier une de leur collègue au travail.

Quand nous fûmes ensemble je la mis sur cette voie en lui faisant un narré fidèle de ce que j’avais vu. Elle me demanda quel effet cela avait produit sur moi. Je lui avouai naïvement que j’avais ressenti les désirs les plus v i o l ents, mais qu’une chose m’embarrassait beaucoup.

  • Et qu’est-ce que c’est, dit-elle, que cette chose ?

  • Eh ! mais, répondis-je, cette terrible machine qui m’a paru pour le moins aussi grosse que mon poignet et longue de plus d’un pied, comment est-il possible qu’elle puisse entrer sans me faire mourir de douleur, puisque vous savez bien que je saurais y souffrir pas même le petit doigt ?...

A l’égard de celui de ma maîtresse et du vôtre, je conçois assez aisément par leurs dimensions que vous ne risquez rien. Enfin, quelque délectable qu’en soit le plaisir, je crains d’en faire l’essai.

Phœbé me dit en riant qu’elle n’avait pas encore ouï personne se plaindre qu’un semblable instrument eût jamais fait de blessures m o r t elles en ces endroits-là, et qu’elle en connaissait d’aussi jeunes et d’aussi délicates que moi qui n’en étaient pas m o r t es… qu’à la vérité nos bijoux n’étaient pas tous de la même mesure ; mais qu’à un certain âge après quelque temps d’exercice, cela prêtait comme un gant, qu’au reste si celui-là me faisait peur, elle m’en procurerait un d’une taille moins monstrueuse.

  • Vous connaissez, poursuivit-elle, Polly Philips. Un jeune Italien l’entretient ici et vient la voir deux ou trois fois la semaine. Elle le reçoit dans le petit cabinet du premier étage, on l’attend demain. Je veux vous faire voir ce qui se passe entre eux d’une place qui n’est connue que de Madame Brown et moi.

Le jour suivant, Phœbé, ponctuelle à remplir sa promesse, me conduisit par l’escalier dérobé dans un petit réduit obscur d’où nous pouvions voir sans être vues. Les acteurs parurent bientôt, et après de mutuelles embrassades et part et d’autre, le jeune homme se déshabilla jusqu’à la chemise. Polly à son exemple en fit autant avec toute la diligence possible. Alors, comme s’il eût été jaloux du linge qui la couvrait encore, il la mit en un clin d’œil toute nue et exposa à nos regards les membres les mieux proportionnés et les plus beaux qu’il fût possible de voir.

Polly n’avait pas plus de dix-sept ans. Les traits de son visage étaient réguliers, délicats et doux. Sa gorge était blanche comme la neige, parfaitement ronde, et assez ferme pour se soutenir d’elle-même sans aucun secours artificiel ; deux charmants boutons de corail distants l’un de l’autre en faisaient remarquer la séparation. On voyait ensuite un ventre plus poli que l’ivoire au bas duquel paraissait à peine une petite ouverture qui me semblait fuir par modestie et se cachait entre les plus belles cuisses du monde. Un jeune duvet épais et noir en ombrageait le délicieux orifice. En un mot, Polly était un vrai modèle de peinture et le triomphe des nudités.

L’Italien ne pouvait se lasser de la contempler : ses mains aussi avides que ses yeux la parcouraient en tous sens. Pendant cet agréable badinage sa chemise qui haussait par-devant faisait juger de la condition des choses qu’on ne voyait pas ; mais il les montra bientôt dans tout leur brillant en se dépouillant son tour du linge qui les cachait. Ce jeune étranger pouvait avoir environ vingt-deux ans : il était grand, bien fait, taillé en hercule, et sans être beau, d’une figure fort avenante.

Son joyeux instrument sortait avec pompe d’un taillis épais et frisé. Sa raideur et sa grossesse extrême me firent frissonner de crainte pour la tendre petite partie qui allait souffrir ses brusques assauts : car il avait déjà jeté la victime sur le lit, et l’avait placée de façon que je voyais tout à mon aise. Ses cuisses bien écartées découvraient à mes yeux le centre délectable des plaisirs, dont les lèvres vermeilles formaient une espèce de los a n g e en miniature que le coloris de Rubens n’aurait pu imiter.

Alors Phœbé me poussa doucement et me demanda si je croyais l’avoir plus petit ; mais j’étais trop attentive à ce que je voyais pour être capable de lui répondre. Le gars en ce moment approchant du but, son fier brandon ne menaçait pas moins que de fendre la charmante e n f a n t qui lui souriait et semblait défier sa vigueur. Il le guida lui-même en séparant du bout des doigts les lèvres délicates de cette jolie fente, et après quelques coups, auxquels la combattante ripostait, l’ayant introduit à moitié, il le retira pour le mouiller.

Enfin il l’introduisit de nouveau et le plongea jusqu’à la garde. L’aimable Polly laissa échapper en cet instant un profond soupir qui n’était rien moins qu’occasionné par la douleur. Le héros pousse, elle répond en cadence à ses mouvements. Mais bientôt leurs transports réciproques augmentent à un tel degré de v i o l ence qu’ils n’observent plus aucune mesure. Leurs secousses étaient trop rapides et trop vives, leurs baisers trop ardents pour que la nature y pût suffire : ils étaient confondus, anéantis l’un dans l’autre. « Ah ! ah !... je ne saurais y tenir… c’en est trop… je m’évanouis… j’expire… je meurs » : c’étaient les expressions entrecoupées qu’ils lâchaient mutuellement dans cette douce agonie.

Le champion en un mot faisant ses derniers efforts annonça par une langueur subite répandue dans tous ses membres qu’il touchait au plus délicieux moment. La tendre Polly annonça qu’elle y touchait aussi en jetant ses bras avec fureur, perdant l’usage de ses sens dans l’excès du plaisir.

Quand il se fut retiré, elle resta quelques instants encore sans mouvements, les cuisses toujours écartées, au moyen de quoi il était aisé de discerner une espèce d’écume blanche sur le bord des lèvres de cette récente blessure dont le dedans le disputait pour la couleur au plus beau carmin.

Elle sortit de son évanouissement à la fin, et sautant au cou de son ami, il parut par les nouvelles caresses que la friponne lui prodigua que l’essai qu’elle venait de faire de sa vigueur ne lui avait point déplu.

Je n’entreprendrai pas de décrire ce que je sentis pendant cette scène. Il suffit que tu saches que je fus guérie de toutes me frayeurs, et que j’étais si pressée de mes besoins que j’aurais tiré par la manche le premier homme qui se serait présenté, pour le supplier de me débarrasser de ce poids qui m’était désormais insupportable.

Phœbé, quoique plus accoutumée que moi à de semblables fêtes, ne put être témoin de celle-ci sans être émue. Elle me tira doucement de ma place d’observation et me conduisit du côté de la porte. Là, faute de chaise et de lit, elle m’adossa contre le mur ; et m’ayant levé les jupes, la luxurieuse me mania cette partie où je sentais de si v i o l entes irritations. Le bout de son doigt fit un essai aussi prompt que le feu sur la poudre. Je lui laissai dans la main une preuve de la f o r c e dont ce touchant spectacle m’avait affectée. Alors satisfaite par le soulagement que je venais de recevoir, nous revînmes à notre poste.

L’Italien était assis sur le lit vis-à-vis de nous. Polly assise sur un de ses genoux le tenait embrassé : leurs langues enflammées, collées l’une contre l’autre, semblaient vouloir pomper le plaisir dans sa source la plus pure.

Pendant ce tendre badinage, messire Jean Chouart avait repris une nouvelle vie. Tantôt la folâtre Polly le pelotait, le secouait comme font les petits e n f a n t s leurs hochets. Tantôt elle le prenait et le serrait entre ses cuisses ; quelquefois elle le plaçait entre ses charmants tétons comme un gros bouton de rose. Le jeune homme de son côté, après avoir épuisé en la caressant toutes les ressources de la luxure, se jeta tout à coup à la renverse et la tira sur lui. La friponne empoigne le dard avec un courage héroïque et se l’enfonce jusqu’à l’extrémité.

Elle demeura ainsi quelques instants jouissant de son attitude, tandis que le paillard s’amusait à lui claquer légèrement les fesses. Mais bientôt l’aiguillon du plaisir les embrasant de nouveau, ce ne fut plus qu’une confusion de soupirs et de mots mal articulés. Il la serre étroitement dans ses bras ; elle le serre dans les siens, la respiration leur manque, et ils restent tous les deux, sans donner aucun signe de vie, plongés et absorbés dans la plus délicieuse extase.


Par Irina Du Bois Sainte Marie

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